Les bergers sont à l’honneur

Publié le 25 avril 2010 par Jean-Baptiste Balleyguier

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    Une main burinée se pose sur la poignée en bois à peine dégrossi d’un enclos. Son propriétaire entre et commence à s’avancer en marchant dans l’herbe haute. Il met ses mains en porte-voix et commence à siffler, d’un sifflement doux et argentin. Les brebis qui paissaient jusqu’alors tranquillement relèvent la tête en dressant les oreilles, et commencent à se diriger joyeusement vers le berger qui les appelle.

    Il prononce doucement leur nom, donnant à chacune une douceur : qui un poignée d’herbe grasse, qui un morceau de sel. Et les brebis lèchent affectueusement ces mains généreuses. Celle du bon berger, grâce auquel elle ne manquent de rien.

    Mais dans un coin d’ombre un homme observe attentivement la scène. Le berger s’approche de lui et lui donne une pièce pour qu’il prenne soin de ses brebis pendant la nuit.

    La nuit tombée, il reproduit les même gestes que le bon berger. Les brebis s’approchent comme à l’accoutumée, mais lui s’abat sur l’une des brebis qui s’étaient avancée, la plus naïve et la plus jeune aussi : il s’empare d’elle et s’en va.

    C’était un mercenaire, qui a trahit la confiance des brebis, mais également du berger. C’est un prédateur et non un pasteur, qui recherche un seul intérêt le sien : qu’un danger survienne (des loups ou des voleurs) il s’enfuit. Mais le bon pasteur, lui, donne sa vie plutôt que de voir ses brebis entre de mauvaises mains. Car être pasteur, ne consiste pas seulement à garder les brebis, mais à s’oublier totalement pour elles.

    C’est ce que l’Église nous propose comme sujet de méditation pour aujourd’hui et toute cette semaine : suis-je un berger ou un mercenaire. Est-ce que j’accepte d’oublier mes intérêts pour les âmes, est-ce que j’accepte de mourir pour elle ? Non pas nécessairement de manière violente, mais petit à petit, progressivement jusqu’à être tout à tous pour les gagner tous.

    Le meilleur exemple de réponse à cet appel est encore le curé d’Ars. Prêtre, curé d’une paroisse gagnée aux idées du temps, il va prendre sur lui leur égarement, et les ramener une par une à coup de prière, de confession et de discipline. Il répond de manière totale à l’appel pressant du Christ "Pais mes brebis". Cette demande faite à Pierre par le Christ ressuscité, s’adresse à son niveau à chaque pasteur et de part notre sacerdoce baptismal, à chacun de nous.

    Mais nous sommes tout à la fois brebis et pasteur. En tant que brebis, nous devons montrer toute notre affection à nos pasteurs et particulièrement à leur chef, c’est-à-dire à leur "tête", le Pape. En tant que pasteur, nous devons attirer à nous les brebis et leur faire découvrir leur vocation à être elles-mêmes pasteur, à les encourager à réaliser pleinement leur vocation de baptisé en se mettant au service de tous.

    Chacun selon sa vocation, mais pour la réaliser pleinement : qui pour se marier, qui pour être religieux, qui pour être prêtre… C’est notre responsabilité. Il n’y pas de domaine réservé : un laïc peut déceler en une personne la vocation à la prêtrise, même s’il convient que cette dernière l’approfondisse avec une direction spirituelle adéquate.

    L’avenir de l’Église est entre nos mains : ne soyons pas ces mercenaires qui fuient devant le danger. Soyons ces baptisés qui mettent sur le lampadaire la lumière de leur vocation, pour attirer le plus d’hommes possibles et leur faire découvrir la douceur du joug du Christ.


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